Wednesday, November 11, 2015

Exemples d'une lecture analytique simple d'un extrait

Extrait traité: L'Etranger, CAMUS Albert, 1942

« A-t-il seulement exprimé des regrets? Jamais, messieurs. Pas une seule fois au cours de l'instruction cet homme n'a paru ému de son abominable forfait.» A ce moment, il s'est tourné vers moi et m'a désigné du doigt en continuant à m'accabler sans qu'enn réalité je comprenne bien pourquoi. Sans doute, je ne pouvais pas m'empêcher de reconnaïtre qu'il avait raison. Je ne regrettais pas beaucoup mon acte. Mais tant d'acharnement m'étonnait. J'aurais voulou essayer de lui expliquer cordialement, presque avec affection, que je n'avais jamais pu regretter vraiment quelque chose. J'étais toujours pris par ce qui allait arriver, par aujourd'hui ou demain. Mais naturellement, dans l'état où l'on m''avait mis, je ne pouvais parler à personne sur ce ton. Je n'avais pas le droit de me montrer affectueux, d'avoir de la bonne volonté. Et j'ai essayé d'écouter encore parce que le procureur s'est mis à parler de mon âme.
Il disait qu'il s'était penché sur elle et qu'il n'avait rien trouvé, messieurs les jurés. Il disait qu'à la vérité, je n'en avais point, d'âme, et que rien d'humain, et pas un des principes moraux qui gardent le coeur des hommes ne m'était accessible. «Sans doute, ajoutait-il, nous ne saurions le lui reprocher. Ce qu'il ne saurait acquérir, nous ne pouvons nouss plaindre qu'il en manque. Mais quand il s'agit de cette cour, la vertu toute négative de la tolérance doit se muer en celle, moins facile, mais plus élevée, de la justice. Surtout lorsque le vide du coeur tel qu'on le découvre chez cet homme devient un gouffre où la société peut succomber.» C'est alors qu'il a parlé de mon attitude envers maman. Il a répété ce qu'il avait dit pendant les débats. Mais il a été beaucoup plus long que lorsqu'il parlait de mon crime, si long même que, finalement; je n'ai plus senti que la chaleur de cette matinée. Jusqu'au moment, du moins, où l'avocat général s'est arrêté et après un moment de silence, a repris d'une voix très pénétrée: «Cette même cour, messieurs, va juger demain le plus abominable des forfaits: le meutre d'un père.» Selon lui, l'imagination reculait devant cet atroce attentat. Il osait espérer que la justice des hommes punirait sans faiblesse. Mais, il ne craignait pas de le dire, l'horreur que lui inspirait ce crime le cédait presque à celle qu'il ressentait devant mon insensibilité. Toujous selon lui, un homme qui tuait moralement sa mère se retranchait de la société des hommes au même titre que celui qui portait une main meurtirère sur l'auteur de ses jours. Dans tous les cas, le premier préparait les actes du second, il les annonçait en quelque sorte et il les légitimait. «J'en suis persuadé, messieurs, a-t-il ajouté en élevant la voix, vous ne trouverez pas ma pensée trop audacieuse, si je dis que l'homme qui est assis sur ce banc est coupable aussi du meurtre que cette cour devra juger demain. Il doit être puni en conséquence.» Ici, le procureur a essuyé son visage brillant de sueur. Il a dit enfin que son devoir était douloureux, mais qu'il l'accomplirait fermement. Il a déclaré que je n'avais rien à faire avec une société dont je méconnaissais les règles les plus essentielles et que je ne pouvais pas en appeler à ce coeur humain dont j'ignorais les réaction élémentaires. «Je vous demande la tête de cet homme, a-t-il dit, et c'est le coeur léger que je vous le demande. Car s'il m'est arrivé au cours de ma déjà longue carrière de réclamer des peines capitales, jamais autant qu'aujourd'hui, je n'ai senti ce pénible devoir compensé, balancé, éclairé par la conscience d'un commandement impérieux et sacré et par l'horreur que je ressens devant un visage d'homme où je ne lis rien que de monstrueux». 
Quand le procureur s'est rassis, il y a eu un moment de silence assez long. Moi, j'étais élourdi de chaleur et d'étonnement.
***
Première lecture analytique

En lisant cet extrait, je trouve deux grands axes: 1) La domination de sentiments de Meursault 2) La justice incompréhensible

2) La justice incompréhensible
a) L'accusation absurde
- Le procureur ne parle que de l'âme de Meursault qui n'est peut-être pas la cause de son crime.

  • «Il disait qu'à la vérité, je n'en avais point, d'âme, et que rien d'humain...»
  • «Surtout lorsque le vide du coeur tel qu'on le découvre chez cet homme devient un gouffre...»

- Il accuse Meursault de ne pas avoir l'âme normake comme les autres

  • «...Je ressens devant un visage d'homme où je ne lis que de monstrueux.»
- Il a dit aussi que la justice des hommes punirait sans faiblesse

    • «Il osait espérer que la justice des hommes punirait sans faiblesse.»
    b) L'impossibilité de se défendre
    - Meursault ne pouvait pas se défendre parce que personne ne le croyait et il savait que personne ne le croirait.
    • «J'aurais voulu essayer de lui expliquer...»
    • «Je ne pouvais parler à personne...»
    - Il était en colère et triste aussi mais il dominait ses émotions et restait indifférent

    • «Je n'ai plus senti que la chaleur de cette matinée.»

    - Les autres ne voulaient pas non plus l'écouter parce qu'ils pensent que c'est absurde

    • «Ce qu'il ne saurait acquérir, nous ne pouvons nous plaindre qu'il en manque»
    ***
    Deuxième lecture analytique

    1) La fiabilité de la justice - l'enjeu de la jstice et les conséquences
    2) La compréhension de deux personnes - Meursault et le procureur

    1) La fiabilité de la justice
    a) Qu'est-ce qui prime par-dessus tout?

    Le procureur a pussé les jurés et ceux qui l'écoutent à reconnaître irrévocablement la culpabilité de Meursault non pas par son crime mais par son insensibilité, son indifférence. 
    • «Il disait...je n'en avais point, d'âme, et que rien d'humain, et pas un des principes moraux...»
    • «...qu'il a parlé de mon attitude envers maman.»
    • «l'horreur que lui insipirait ce crime le cédait presque à celle qu'il ressentait devant mon insensibilité.»
    b) Une accusation sévère

    Par conséquent, le procureur a légitimé lui-même la vérité de ce qu'il a dit, donc la culpabilité de Meursault. Et cela aboutit à une censure de parole pour Meursault.
    • «...il les annonçait en quelque sorte et il les légitimait.»
    • «....l'homme qui est assis sur ce banc est coupable aussi du meurtre que cette cour devra juger demain.»
    Enfin, face à cet acharncement, Meursault est défendu de parler, de se justifier.
    • «je ne pouvais parler à personne sur ce ton. Je n'avais pas le droit de me montrer affectueux, d'avoir de la bonne volonté.»
    Meursault est impuissant.
     

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